Stage Direct

Contexte

L’École Nationale de la Magistrature (ENM) a récemment doublé ses effectifs, portant les promotions à plus de 450 auditeurs de justice. Cet accroissement massif de la charge de formation pèse directement sur les tribunaux qui doivent accueillir, encadrer et évaluer un flux constant d’apprenants aux profils variés (auditeurs, concours professionnels,…). Cette charge se cumule à celle de l’organisation des stages de l’écosystème gravitant dans les tribunaux (OPJ, conseiller d’insertion et de probation, stagiaires avocats, inspecteurs du travail…).

La mission d’encadrement repose sur les Directeurs de Centre de Stage (DCS), des magistrats qui assument cette fonction en plus de leur activité juridictionnelle. Dans un environnement de plus en plus complexe, marqué par une multiplication des réformes et des types de stages, l’institution doit aujourd’hui trouver un levier pour soutenir ses formateurs de terrain et stabiliser un réseau de DCS confronté à un turnover croissant et à une perte d’attractivité de la fonction.

Problème

L’investigation repose sur la validation de trois hypothèses majeures :

• Hypothèse 1 : La surcharge administrative des DCS est un frein à la progression pédagogique des stagiaires. Les Directeurs de Centre de Stage consacrent la majorité de leur temps à un “Tetris” logistique manuel. Ce temps est mécaniquement soustrait à l’accompagnement humain et au coaching des auditeurs, réduisant la fonction de DCS à un rôle de gestionnaire de flux plutôt que de mentor pédagogique.

• Hypothèse 2 : La fragmentation des outils rompt la boucle de rétroaction. Les retards massifs de remise des évaluations des Maitres de stage entrainent un feedback tardif qui perd toute sa valeur d’ajustement pour l’élève magistrat.

• Hypothèse 3 : Le manque de centralisation entrave le pilotage national et régional. L’opacité des données locales empêche les Coordinateurs Régionaux (CRF) et l’ENM d’avoir une vision en temps réel de la progression des stagiaires.

Investigation

Afin de valider nos hypothèses et quantifier les dysfonctionnements, nous avons déployé un dispositif de recherche mixte (quantitatif et qualitatif) auprès de l’ensemble de la chaîne des stages :

Volet Quantitatif (mesure et validation statistique)

• Enquête Flash DCS (Directeurs de Centre de Stage) : administrée auprès de 231 magistrats coordonnateurs pour mesurer le temps administratif réel, la fréquence des relances et l’impact sur leur charge mentale.

• Enquête Flash CRF (Coordinateurs Régionaux de Formation) : administrée auprès de la population totale (21 CRF) pour documenter les flux d’échanges avec les juridictions et les points de blocage du calendrier régional.

• Enquête “Irritants” MDS (Maîtres de Stage) : questionnaire court pour identifier les freins à la remise des évaluations dans les délais.

• Enquête Impact Auditeurs : diffusion d’un questionnaire aux auditeurs de justice pour corréler les délais administratifs avec la qualité perçue de leur accompagnement pédagogique et leur progression.

Volet Qualitatif (compréhension des usages et des freins)

• Entretiens individuels DCS : entretiens approfondis avec un panel représentatif de juridictions pour analyser les méthodes de planification actuelles, les irritants majeurs et les “astuces” de contournement (Excel personnels, notes manuscrites,…).

• Entretiens Coordinateurs (CRF) : focus sur les irritants vécus par les CRF et leurs besoins dans la coordination avec les DCS.