ProtĂšge-Toit đĄ (violences conjugales)
Améliorer la prise en charge d'urgence pour les victimes de violences conjugales
đ Contexte de lâinvestigation
Le problĂšme de politique publique liĂ©e aux violences conjugales et Ă la rĂ©ponse dâurgence donnĂ©e aux victimes a bĂ©nĂ©ficiĂ© de 2 pĂ©riodes dâinvestigation (env 10 jours par agent pour chacun des 2 phases), la premiĂšre ayant eu lieu dans le cadre du programme de prĂ©-incubation avec le dĂ©partement des CĂŽtes dâArmor dĂ©but 2020, la deuxiĂšme ayant eu lieu entre septembre et dĂ©cembre, totalement financĂ©e par la DINUM (30 jours de coaching, hors 10 jours par agent - au nb de 3; soit environ 15 000 euros HT). Les rĂ©flexions, constats et apprentissages de la premiĂšre phase dâinvestigation sont disponibles sur la fiche produit publique sur le site beta.gouv.fr. Cette premiĂšre phase a permis dâidentifier lâhĂ©bergement dâurgence comme vĂ©ritable obstacle Ă rĂ©soudre dans le parcours dâune personne victime de violences conjugales mais nâavait pas permis de cibler plus prĂ©cisĂ©ment des sous-problĂšmes suffisamment actionnables pour proposer une ou plusieurs hypothĂšses de solution pertinentes pour rĂ©soudre la thĂ©matique. Par ailleurs, 9 semaines (donc 9 jours agents concrĂštement) nâĂ©tait pas suffisant pour pouvoir un aperçu global de lâĂ©cosystĂšme, des solutions, outils et partenaires existants.
Avec environ une quinzaine dâentretiens des diffĂ©rents parties prenantes lors de cette deuxiĂšme phase, combinĂ©aux 80 de la prĂ©cĂ©dente phase, des Ă©tudes documentaires couplĂ©es dâexploration terrain et 30 joursdâaccompagnement beta.gouv.fr, lâinvestigation, bien que sur peu de semaines, a permis de confirmer trĂšs vite lesirritants communs des personnes victimes de violence. Le benchmark des outils et solutions existantes prĂ©sente unbon niveau dâexhaustivitĂ©. MĂȘme si certains acteurs, associatifs, outils ne nous ont pas encore laisse dĂ©couvrir leuropportunitĂ© et fonction. Ce sera dâailleurs lâobjet des premiĂšres semaines si passage en construction : coordonner les dispositifs et actrices existant sur le territoire, au niveau national; associatif, public et privĂ©s.
đ Le problĂšme investiguĂ© : une femme meurt tous les 2 jours en France, sous les coups de son conjoint
9 semaines de seconde phase dâinvestigation nous ont donc permis dâapprofondir les enquĂȘtes et remontĂ©es terrain et dâidentifier 2 irritants majeurs sur lesquels agir pour faire de lâhĂ©bergement dâurgence, une option viable et sĂ©curisante pour les femmes victimes de violences :
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le manque de places totales versus les demandes (238 demandes en 2019 versus 40aine de places effectives)
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un besoin accru dâaccompagnement de ses personnes victimes sur diffĂ©rents aspects, autant de situations et de personnalisation dâaides (simple Ă©coute, conseils professionnels, aides administratives, juridiques aides matĂ©riels, prĂȘts de mobilier, transport ponctuel ou rĂ©guliersâŠ) Concernant la problĂ©matique gĂ©nĂ©rale des violences conjugales, nous pensons vraiment que câest un dĂ©fi majeur pour lequel il faut agir. La lĂ©gitimitĂ© et lâampleur du prĂ©judice ne sont plus Ă dĂ©montrer.
Plus spĂ©cifiquement dans les CĂŽtes dâArmor, en 2019, 1112 femmes ont Ă©tĂ© victimes de violences. De janvier Ă octobre 2020, selon la gendarmerie, le nombre de victimes costarmoricaines sâĂ©lĂšve dĂ©jĂ Ă 1070, soit une hausse de 34,8 % comparativement Ă la mĂȘme pĂ©riode en 2019. Le ministĂšre de lâIntĂ©rieur a publiĂ©, ce lundi 16 novembre 2020, une Ă©tude sur les violences conjugales. DerriĂšre le Doubs, les CĂŽtes-dâArmor sont un des dĂ©partements les plus touchĂ©s par ce flĂ©au, avec la CĂŽte-dâOr et la Seine-Saint-Denis. Cependant, le fait dâattaquer la problĂ©matique sur un territoire prĂ©cis ne doit pas exclure la pertinence et la nĂ©cessitĂ© dâune action au niveau national. Charge au dĂ©partement, aux coachs et co-animateurs beta.gouv.fr de dĂ©montrer et convaincre un partenaire Ă©tatique de sâassocier Ă la dĂ©marche.
Le manque de places dâhĂ©bergement « reste toujours le point noir », dit Françoise BriĂ©, porte-parole de SolidaritĂ© femmes (3919), membre du Haut conseil Ă lâĂ©galitĂ© et de la MIPROF (Mission interministĂ©rielle pour la protection des femmes victimes de violences et la lutte contre la traite des ĂȘtres humains) et directrice de lâEscale, centre dâaccueil et dâhĂ©bergement pour les femmes. ParticuliĂšrement celles spĂ©cifiquement dĂ©diĂ©es Ă lâaccueil des femmes victimes de violences. « Le gouvernement a annoncĂ© la crĂ©ation, en 2021, de 1 000 places supplĂ©mentaires mais les financements ne sont pas lĂ . Il manque prĂšs de 32 millions au budget 2021. » Le problĂšme et notamment les 2 sous-problĂšmes Ă©voquĂ©s plus haut est donc bien validĂ© et partagĂ© nationalement.
â Des chiffres
Chaque année en France, une femme sur dix entre 20 et 59 ans est victime de la violence de son partenaire, soit environ 220 000 femmes. En 2018, 121 en sont mortes ; 149 en 2019. En somme, En 2019 une femme meurt tous les 2 jours en France, sous les coups de son conjoint.
Une violence qui nâest pas lâapanage dâun milieu, dâune classe sociale, dâun certain type de personnalité⊠Mais plutĂŽt une violence ordinaire qui touche des femmes et des hommes ordinaires.
Selon le site égalité hommes-femmes, un tiers des femmes subiront des violences physiques ou sexuelles au moins une fois dans leur vie. En France, la prise en charge des victimes de violences a souvent lieu aprÚs les faits.
En Bretagne : Les violences conjugales reprĂ©sentent 23.1% des faits de violences constatĂ©s par les services dâenquĂȘte en 2018, soit 6 639 faits, dans le ressort de la Cour dâappel de Rennes, soit une augmentation de 2% entre 2017 et 2018.
SpĂ©cifiquement, dans les cĂŽtes dâArmor : 238 demandes dâhĂ©bergement dâurgence versus 34 places disponiblesâŠ
- Dans le 22, en 2018 on compte 3 féminicides.
- 685 femmes ont été victimes de violences volontaires
- 109 personnes victimes de violences ont Ă©tĂ© mises Ă lâabri par le 115, 48 Ă©taient accompagnĂ©es dâenfants
- 238 demandes dâhĂ©bergement ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es
- les associations costarmoricaines ont reçues 1852 personnes dans le cadre de violences
- 12 logements ALT dâurgence sur lâensemble du dĂ©partement si nĂ©cessaire, complĂ©tĂ©es par des nuitĂ©es dâhĂŽtels
- 34 places Ă Adalea, foyer
*cf chiffres-clés et document CLSPD
đŻ Les actions menĂ©es
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Revue actualites et mesures actuels effectuĂ©es au national et dans le dpt. Mesures du Grenelle, protocole dptal⊠Etat des lieux de lâexistant
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EnquĂȘte terrain auprĂšs de diffĂ©rents acteurs :
via Entretiens qualitatifs (1h environ, 10 entretiens) avec anciennes et actuelles victimes, assistance sociale Ă la gendarmerie, collĂšgue spĂ©cialiste de la question Ă la Maison du dĂ©partement, ADELEA - association dĂ©partementale, foyers dâhĂ©bergementâŠ
via questionnaire web public âpersonnes ayant subi des violencesâ, accessible ici (20 questions, 80 rĂ©ponses). Canaux de diffusion :
- réseaux internes maison du département
- groupes facebook et forum dâassociations sur le sujet
- relais bouche-a-oreilleâŠ
constats et apprentissages :
dĂ©marches administratives longues, fastidieuses et souvent rebutoires (menaces de retrait de plainte par conjoint violent, frustration et donc non dĂ©pot, harcĂ©lement et non comprĂ©hension des gendarmesâŠ). Sur 80 femmes, 53% sont allĂ©es demander conseil Ă la gendarmerie. Elles ne sont plus que 13% Ă estimer avoir pu compter sur eux.
Second problĂšme conconcomittant Ă la lenteur administrative, la protection physique et morale pendant les dĂ©marches administratives et judiciaires : le besoin dâun logement dâurgence.
- đ± Analyse avantages/inconvĂ©nients de mesures et structures dĂ©jĂ existantes : ADALEA (foyer hebergement), tĂ©lĂ©phone grand danger, application âApp-Ellesâ, association OSYS Ă Bayeux, association nationale #nousToutes⊠qui nous ont permis de dĂ©couvrir un Ă©cosystĂšme actif et fourni dans lequel nous positionner en tant quâĂ©quipe dâinvestigation dans le dĂ©partement
đĄ HypothĂšses de solutions : 2 volets envisagĂ©es
Pour rappel, les 2 irritants prioritaires identifiĂ©s Ă rĂ©soudre sont les suivants : le manque de places totales versus les demandes et un besoin accru dâaccompagnement (simple Ă©coute, conseils professionnels, aides administratives, juridiques aides matĂ©riels, prĂȘts de mobilier, transport ponctuel ou rĂ©guliersâŠ). A ces 2 irritants, ont Ă©tĂ© imaginĂ©es deux solutions :
1) Un dĂ©marchage de communes pour les accompagner Ă la rĂ©novation et la gestion de leurs logements communaux qui seront dĂ©diĂ©s aux victimes de violences conjugales afin dâaccroĂźtre le parc de logements disponibles. Les aider et accompagner dans la rĂ©daction de leurs appels Ă projets, leurs demandes de financement ? En effet, Les investigations ont mis en lumiĂšre la disponibilitĂ© dâun certain nombre dâaides disponibles aux communes souhaitant rĂ©habiliter des logements communaux, aujourdâhui mal connues des collectivitĂ©s territoriales. Un module ou filtre spĂ©cifique ârĂ©novation logement pour personnes victimes de violencesâ pourrait ĂȘtre envisagĂ© sur la plateforme dĂ©veloppĂ©e par beta.gouv.fr : aides territoires. (effort en temps de dĂ©veloppement inconnu mais possible de voir directement avec lâĂ©quipe de la startup dâEtat en question.
Ces nouveaux logements communaux Ă disposition des personnes victimes de violences ne seraient pas dans un premier temps cartographiĂ©s dans le SI-SIAO gĂ©rĂ© par le 115 mais une cartographie pourrait ĂȘtre facilement dĂ©veloppĂ©e (4-5 jours de dĂ©veloppement maximum, 2500 euros HT environ).
Des premiĂšres communes de lâagglomĂ©ration de DINAN se sont montrĂ©es trĂšs encourageantes et volontaires pour faire partie des premiers bĂȘta-testeurs de cette solution âkit et accompagnement Ă la rĂ©novation de logementsâ. Nous pensons quâĂ lâaide de premiĂšres communes ambassadrices de la dĂ©marche, dâautres, voire les 64, suivront !
2) Un rĂ©seau de bĂ©nĂ©voles, sur le modĂšle de la rĂ©serve civique. Les professionnel.les, agent.es, gĂ©rant.es de foyers pourraient poster des missions, des demandes; des bĂ©nĂ©voles motivĂ©s pourraient sâinscrire, ĂȘtre formĂ©s et prĂȘter main forte Ă hauteur de leur envie et capacitĂ©.
LâhypothĂšse de solution nâest pas uniquement un outil numĂ©rique, mais relĂšve davantage dâune vraie transformation de politique publique et de prospection terrain, dâaccompagnement logistique. Les outils numĂ©riques Ă©voquĂ©s (un module sur aides territoires, une cartographie des logements communaux, plateforme de bĂ©nĂ©voles) sont pertinents et beta.gouv.fr peut mobiliser les compĂ©tences pour cela. Sur les autres aspects opĂ©rationnels et logistiques, les charges de dĂ©ploiement, coach de beta.gouv.fr peuvent ĂȘtre dâun recours prĂ©cieux pour accompagner lâĂ©quipe en construction; mais le niveau dâimplication des acteurs/actrices au niveau du dĂ©partement et Ă©ventuellement des sponsors de haut-niveau devront ĂȘtre sans faille (autonomie complĂšte des Ă©quipes, mise en relation, coordination des gouvernancesâŠ).
đ Les prochaines Ă©tapes
Le niveau de sponsorship au niveau du dĂ©partement semble Ă©levĂ©, seulement certaines zones dâombre mĂ©ritent dâĂȘtre Ă©claircies et discutĂ©es conjointement pour un partenariat pertinent et cohĂ©rent. Câest dâailleurs lâun des principaux objectifs du comitĂ© de fin dâinvestigation. Dâautre part, la thĂ©matique bĂ©nĂ©ficie dâun soutien et dâune visibilitĂ© assez colossale (au niveau de la prĂ©sidence, des cabinets interministĂ©riels, des mediaâŠ). Ce qui est Ă la fois une force et une menace pour la produit.
Nous pensons que pour garantir et sĂ©curiser un maximum lâĂ©quipe afin de construire une solution viable, utile et utilisĂ©e pour rĂ©soudre, non pas le dĂ©fi immense des violences conjugales mais au moins la partie de lâhĂ©bergement, il serait pertinent dâinclure en sponsor une administration centrale en plus du portage dĂ©partemental. Nous le savons, Etat et collectivitĂ©s ont des compĂ©tences complĂ©mentaires quâil serait plus judicieux de mettre Ă profit. Le scĂ©nario pour pallier les sous-problĂšmes et garantir une pĂ©rennitĂ© et cohĂ©rence de la solution envisagĂ©e seraient dâassocier un partenaire Ă©tatique, une institution qui aurait les ressources Ă la fois humaines et financiĂšres pour sâassocier au dĂ©partement des CĂŽtes dâArmor (par exemple, la Direction GĂ©nĂ©rale de CohĂ©sion Sociale, DIHAL, DGALNâŠ).
Dans ce cas, cela impliquerait un partenariat multipartite et un dĂ©but envisagĂ© dâici mars ou avril 2021. Beta.gouv.fr et la DINUM sâengagent Ă accompagner le dĂ©partement et lâĂ©quipe dans cette phase de prospection dâacteurs additionnels.
đ§ LâĂquipe
3 travailleuses sociales du département à la MDD de Dinan :
- MIZRAHI Martine
- HANON Marie-Brigitte
- CLĂMENT Tiphaine
đ Documents et ressources
- Internes Ă©quipe :
đŹ NOUS CONTACTER : jennifer.stephan@beta.gouv.fr; en cc : incubateur@anct.gouv.fr
Ă propos
ProtĂšge-Toit đĄ (violences conjugales) est portĂ©e par L'Incubateur des Territoires (ANCT).
Ce service numérique est sponsorisé par Agence Nationale de la Cohésion des Territoires
- Sécurité : pas encore audité
En quelques dates
Investigation
1er décembre 2019
Partenariat terminé
30 juin 2020